Si l'on en croit Benoit Rittaud, il parait que deux gros cailloux seraient venus se loger dans la chaussure des partisans de la science dont je fais partie :
Mais critiquer est une chose dont je ne vais pas me contenter, nous allons reprendre chacun des (non)arguments exhibés par les deux supposés cailloux qui personnellement ne me dérangent pas outre mesure (en tout cas ils me donnent l'occasion de démontrer l'incompétence et/ou la mauvaise foi en action) en donnant une note afin d'évaluer les copies présentées.
Donc c'est chez Pujadas (oui, chez Pujadas !) que Benoit Rittaud a pu bénéficier d'un temps d'antenne équivalent à son importance sur la scène scientifique, à savoir les 3% qui s'excluent d'eux-mêmes du consensus sur le réchauffement climatique, en déballant ses habituelles contre/semi-vérités après avoir eu l'occasion de faire la promo de ses deux derniers bouquins (pourquoi croyez-vous qu'il passe à la télévision ?) avec l'aide du grand journaliste David Pujadas lors d'une émission sur LCI. Voici donc le compte-rendu minuté de Benoit Rittaud :
Par ailleurs affirmer que nous vivons un épisode climatique non significatif (= non remarquable) est faire preuve d'aveuglement, de bêtise ou de mauvaise foi, c'est en tout cas s'asseoir sur toute la littérature scientifique des deux derniers siècles depuis que Joseph Fourier a démontré en 1824 que les gaz de l'atmosphère terrestre augmentent la température à sa surface, en passant par Svante Arrhenius qui, en 1896, estimait déjà qu'un doublement de la concentration du CO2 dans l'atmosphère pouvait causer un réchauffement d'environ 5°C (la fourchette est aujourd'hui estimée entre 2 et 4,5°C, mais Arrhenius ne bénéficiait pas de la technologie actuelle)
Note : 0/3 ; commentaire : manque de logique ainsi que de connaissance de l'histoire des sciences.
Note : 1/5 ; commentaire : un point pour l'effort de présentation, bien que celle-ci laisse fortement à désirer.
Et quand Dominique Seux, qui se proclame pourtant libéral, fait part de ses doutes à l'encontre de ce qu'a dit Benoit Rittaud, on peut se poser des questions sur le devenir du climato-sceptico-irréalisme ; si ce courant de pensée commence à être lâché par ses anciens ardents défenseurs, cela augure mal de la suite (mais qui s'en plaindra ?)
Par la suite Benoit Rittaud divague sur les cyclones, je n'en parlerai pas davantage ici de peur de l'enfoncer encore plus en lui donnant une note plus basse, mais on se reportera si on le souhaite à mon billet intitulé Que dit Kerry Emanuel sur Harvey, Irma, Maria, et les autres...? afin de constater que notre mathématicien médiatique raconte vraiment n'importe quoi.
Alain Madelin est cet ancien ministre de l'Economie et des Finances sous Jacques Chirac, aujourd'hui reconverti dans le libéralisme pur et dur qu'il exhibe sans timidité aucune lors de ses interventions sur BFMTV (je ne suis pas sûr qu'on le voie beaucoup ailleurs que sur cette chaine)
Il s'est donc livré, au grand bonheur de Benoit Rittaud, à une piteuse tirade lors d'une récente émission sur la chaine pro-business, en enfilant les poncifs les plus éculés comme on fait défiler les perles d'un chapelet en marmonnant quelques prières.
Et voici la courbe originale publiée dans le rapport du GIEC de 2001 :
Mais on peut aussi montrer la courbe de Lamb qui avait précédé la courbe de Mann dans le rapport du GIEC de 1990, page 202 :
Comme on peut le voir au fur et à mesure que le temps passe les données s'affinent, on est passé d'une courbe grossière en 1990 (pourtant encore citée en exemple par certains climatosceptiques pour montrer l'importance de l'optimum médiéval...) à un ensemble de courbes plus élaborées en 2013 qui confirment davantage la courbe de Mann de 1999 que celle de Lamb qui ne concernait en fait qu'une partie de l'Angleterre.
Si la courbe originale de Mann en forme de crosse de hockey n'est plus reprise par le GIEC c'est donc qu'elle a été actualisée et améliorée, au vu des connaissances accumulées, par des équipes indépendantes arrivant plus ou moins aux mêmes conclusions que Mann.
La courbe de Mann n'était donc pas du pipeau, contrairement aux divagations d'Alain Madelin.
- Au milieu de la vague médiatique qui a déferlé à l’occasion du One Climate Summit jupitérien [...] il y aura eu deux moments climato-réalistes significatifs. Deux coins enfoncés dans l’unanimisme alarmiste. Deux cailloux dans la chaussure des marchands de peur.
Le même BenHague qui dans le passé me cherchait fréquemment un poil dans l'oeuf mais qui ne trouve rien à redire face aux énormités sorties par son nouveau gourou.
- Le , Catier Philippe a dit : Ce qui est intéressant c’est que l’animateur a promis un autre débat avec Madelin sur le sujet et qu’il avait quelque noms à inviter
Mais critiquer est une chose dont je ne vais pas me contenter, nous allons reprendre chacun des (non)arguments exhibés par les deux supposés cailloux qui personnellement ne me dérangent pas outre mesure (en tout cas ils me donnent l'occasion de démontrer l'incompétence et/ou la mauvaise foi en action) en donnant une note afin d'évaluer les copies présentées.
Le caillou Benoit Rittaud
Donc c'est chez Pujadas (oui, chez Pujadas !) que Benoit Rittaud a pu bénéficier d'un temps d'antenne équivalent à son importance sur la scène scientifique, à savoir les 3% qui s'excluent d'eux-mêmes du consensus sur le réchauffement climatique, en déballant ses habituelles contre/semi-vérités après avoir eu l'occasion de faire la promo de ses deux derniers bouquins (pourquoi croyez-vous qu'il passe à la télévision ?) avec l'aide du grand journaliste David Pujadas lors d'une émission sur LCI. Voici donc le compte-rendu minuté de Benoit Rittaud :
- à 37:30 : [...] le climat a toujours changé [...] on ne vit pas un épisode climatique si remarquable.
Par ailleurs affirmer que nous vivons un épisode climatique non significatif (= non remarquable) est faire preuve d'aveuglement, de bêtise ou de mauvaise foi, c'est en tout cas s'asseoir sur toute la littérature scientifique des deux derniers siècles depuis que Joseph Fourier a démontré en 1824 que les gaz de l'atmosphère terrestre augmentent la température à sa surface, en passant par Svante Arrhenius qui, en 1896, estimait déjà qu'un doublement de la concentration du CO2 dans l'atmosphère pouvait causer un réchauffement d'environ 5°C (la fourchette est aujourd'hui estimée entre 2 et 4,5°C, mais Arrhenius ne bénéficiait pas de la technologie actuelle)
Note : 0/3 ; commentaire : manque de logique ainsi que de connaissance de l'histoire des sciences.
- à 38:00 : [...] la température ça dépend un peu à quelle échelle on regarde, à l'échelle d'un siècle, d'un siècle et demi, la température a un peu monté, pas de façon extraordinaire, c'est moins d'un degré en un peu plus d'un siècle [...] on a des exemples de hausses de températures [...] par le passé, il faut arrêter de penser que le climat était une sorte de paradis [...] avant 1850, on sait que le climat a beaucoup varié à toutes les échelles de temps [...]
Benoit Rittaud a raison quand il dit qu'il faut tenir compte de l'échelle de temps, ce que ne font pas la plupart de ses copains (ni lui même d'ailleurs quelques fois) quand ils avancent que "les températures n'ont pas bougé depuis 15 ou 18 ans" alors qu'il faut regarder les courbes sur des périodes beaucoup plus longues pour se faire une idée.
Par contre quand il affirme que la température "a un peu monté" il se fiche du monde, car un degré ce n'est effectivement pas beaucoup dans l'absolu, par contre ce qu'il faut regarder c'est le laps de temps pendant lequel la température monte, et non pas seulement dans le passé, mais également dans le futur prévisible, or les projections pour la fin de ce siècle vont de 2,5°C à 4,7°C par rapport à l'ère préindustrielle, et l'on sait déjà que les 1,5°C ou 2°C seront sûrement dépassés, on parle d'au minimum 3°C avec une probabilité de 97% pour que ce soit plus de 2°C.
Promesses (à gauche) et politiques actuelles (à droite), source climateactiontracker |
Et Benoit Rittaud de nous remettre sur le tapis le mantra du "climat qui a toujours changé" au cas où les naïfs n'auraient pas compris le message.
Et que penser de « il faut arrêter de penser que le climat était une sorte de paradis » qu'il nous sort comme si un soi-disant climat paradisiaque était avancé par les scientifiques ou les politiques pour justifier une action en direction d'une décarbonisation afin de limiter les effets du réchauffement climatique ? Il s'agit bien sûr d'un strawman comme les climatosceptiques ont l'habitude de nous en proposer chaque fois que l'occasion se présente.
Note : 1/3 ; commentaire : quelques bonnes idées malheureusement gâchées par une logique défaillante et un manque de lucidité.
- à 38:59 : [...] pour ce qui est de la mer non elle ne monte pas si vite que ça, on est à 20 centimètres par siècle à peu près, sans accélération notable, on a des épisodes historiques où la mer a monté bien plus vite [...]
Les océans se sont bien élevés de près de 20 centimètres depuis le début du XXème siècle, mais il est prévu qu'ils s'élèvent de près d'un mètre supplémentaire dans le pire des scénarios mentionnés dans le dernier rapport du GIEC. Par ailleurs la hausse s'est accélérée depuis le début du siècle selon la revue Nature Climate Change dans un article intitulé Unabated global mean sea-level rise over the satellite altimeter era (Hausse constante du niveau de la mer à l'échelle mondiale par rapport à l'ère de l'altimétrie satellitaire) dont voici un extrait du résumé :
- [...] notre ensemble de données GMSL corrigé indique une accélération de l'élévation du niveau de la mer [...] qui correspond aux estimations précédentes et aux résultats comparables du Groenland et aux projections récentes, et supérieure à l'accélération du XXe siècle.
Et à supposer que dans le lointain passé il y ait eu des "épisodes historiques où la mer a monté bien plus vite", ce qui demande d'ailleurs à être démontré, cela relève encore une fois du mantra du "climat qui a toujours changé" et se trouve donc complètement hors sujet si l'on considère la situation actuelle où les conditions de réchauffement climatique n'ont rien à voir avec ce qui s'est produit il y a des millions d'années.
Note : 0/3 ; commentaire : regarde uniquement vers le passé et ignore totalement le présent et le futur, donc incapable d'anticiper et de faire des projections à partir des données à sa disposition.
- à 39:20 : [...] il n'y a pas que des scientifiques dans le lot (allusion aux 15000 scientifiques ayant lancé récemment un appel) [...] on voit que dans l'ensemble il y a beaucoup de gens qui sont des architectes, des musiciens [...] on est loin d'avoir que des scientifiques [...] il y en a peut-être quelques milliers [...] on trouve à peu près un tiers de gens assez difficiles à identifier [...]
On ne peut que donner raison à Benoit Rittaud s'il critique un appel scientifique dont les signataires ne seraient pas tous des scientifiques, mais encore faudrait-il qu'il ait raison et que dans le lot on trouve effectivement des architectes ou des musiciens ; quand je regarde la liste (disponible ici dans un fichier pdf attaché) je ne vois essentiellement que des scientifiques, mais la liste est longue (595 pages !) et je n'ai donc pas tout vérifié.
Cependant en faisant une recherche sur le mot "musician" je tombe sur une seule occurrence en la personne de Alvarez, Andres, de Colombie ! Et en faisant la recherche sur le mot "architect" je vois en fait surtout "landscape architecture" que l'on peut traduire par paysagiste ; en tout et pour tout 10 occurrences du mot "architecture", ce qui, sur un total de 15364 personnes, nous donne 0,065% d'architectes figurant dans la liste. On notera quand même qu'un architecte a son mot à dire quand il s'agit de construire des bâtiments qui seront peut-être susceptibles d'êtres inondés dans le futur suite à l'élévation du niveau des mers...
Et s'il y a un tiers de gens assez difficiles à identifier cela veut dire deux choses : d'abord qu'il y en a deux tiers qui seraient donc facilement identifiables comme étant des scientifiques, ensuite que sur le tiers restant il y a peut-être une majorité de scientifiques mais la description n'est pas suffisamment précise pour lever le doute, d'où l'indulgence du jury envers Benoit Rittaud.
Mais le plus cocasse dans l'histoire c'est que Benoit Rittaud critique un appel dans lequel figureraient quelques rares non-scientifiques mais oublie fort à propos de citer l'Oregon Petition qui pullulait de signataires (parmi un total de plus de 31000) n'ayant aucun rapport avec la science en général ou la climatologie en particulier ; bref, c'est un peu l'hôpital qui se moque de la charité.
Note : 1/3 ; commentaire : un éclair de lucidité pollué par des exagérations manifestes et l'oubli que le procédé critiqué (et critiquable) a déjà été utilisé par les climatosceptiques.
- à 40:10 : [...] ce n'est pas la première fois qu'on voit ce genre d'aveuglement dans la science (en parlant du GIEC et de ses milliers de scientifiques) où on peut avoir des effets de groupe, des effets sociologiques [...] on peut parfois se tromper collectivement et la science quoi qu'il en soit n'est pas quelque chose qui fonctionne par le consensus, on ne peut pas dire eh bien on croit à cette histoire du climat simplement parce que les gens en ont parlé, la science ça ne fonctionne pas comme cela [...]
Benoit Rittaud tente ici de faire une leçon d'épistémologie à la petite semaine, en faisant croire à son auditoire que ce serait le consensus qui piloterait les scientifiques alors que c'est exactement l'inverse, ce sont les scientifiques qui font le consensus en étant d'accord à 97% sur les causes et les conséquences probables du réchauffement climatique d'origine humaine.
Par ailleurs il attribue à d'autres ses défauts, notamment les effets de groupe et sociologiques, ainsi que le fait de se tromper collectivement, qui sont les attributs des climatosceptiques qui refusent la science pour des raisons diverses mais essentiellement idéologiques (le libéralisme n'est jamais très loin, sans parler de la religion)
Note : 0/3 ; commentaire : doit revoir la définition du mot épistémologie, un concept qu'il est pourtant supposé enseigner...
- à 41:30 : [...] rien ne laisse penser que le gaz carbonique pose un problème [...] le CO2 n'est pas un polluant [...] le CO2 c'est censé être l'effet de serre, mais le CO2 a aussi des bienfaits [...] on sait par exemple que depuis 35 ans, contrairement à ce qu'on nous annonce, la Terre verdit, et même verdit considérablement [...] une étude parue l'an dernier dans la revue Nature Climate Change, qui n'est pas spécialement une revue climatoréaliste, mais dont vous n'avez probablement pas entendu parler, c'est une étude qui a été faite grace à des images satellitaires de la NASA sur les 35 dernières années on a gagné en surface verte l'équivalent de 18 millions de kilomètres carrés [gagnés] un peu partout notamment autour du Sahara, le Sahel a plutôt tendance à reverdir contrairement à ce qu'il semble [...] on sait très bien que le CO2, l'augmentation de la teneur en CO2 de l'atmosphère en est responsable pour une grande partie, parce que le CO2 ça n'est pas un polluant et c'est même l'aliment premier des plantes, c'est ce qui permet au cycle de la photosynthèse d'avoir lieu et donc le CO2, contrairement à ce qu'on en dit aujourd'hui, c'est le gaz le plus vert de toutes (sic) [...]
Ici nous touchons au sublime, avec un Gish Gallop miniature qui mélange des données exactes avec du grand n'importe quoi, ce qui explique aisément pourquoi certains esprits faibles (ou faibles d'esprit) se laissent convaincre aussi facilement.
Benoit Rittaud, dans ce long passage dans lequel il n'hésite pas à citer la revue Nature Climate Change qu'il n'a apparemment soit pas lue soit pas comprise, essaie d'expliquer que le CO2, selon le mantra du "CO2 qui est de la nourriture pour les plantes", serait le responsable bénéfique (voire bienfaiteur) du verdissement de la planète, et notamment du Sahel, depuis un peu plus de trente ans.
Il est vrai que l'augmentation du taux de CO2 dans l'atmosphère semble, d'après les modèles de la NASA (on remarquera ironiquement que Benoit Rittaud fait dans ce cas confiance aux modèles alors qu'il les rejette quand ils calculent des projetions de températures), être responsable d'environ 70% du verdissement de la planète, comme expliqué dans le résumé de l'étude à laquelle il est fait allusion, Greening of the Earth and its drivers (Le verdissement de la Terre et ses drivers), dont voici un extrait :
- Alors que la hausse des concentrations de dioxyde de carbone dans l'air peut être bénéfique pour les plantes, elle est aussi le principal responsable du changement climatique. Le CO2, qui emprisonne la chaleur dans l'atmosphère terrestre, a augmenté depuis l'ère industrielle à cause de notre utilisation du pétrole, du gaz, du charbon et du bois à des fins énergétiques et continue jusqu'à atteindre des concentrations jamais vues depuis 500 000 ans. Les impacts du changement climatique comprennent le réchauffement de la planète, l'élévation du niveau de la mer, la fonte des glaciers et de la glace de mer ainsi que des phénomènes météorologiques plus violents.
Ne comptez pas sur Benoit Rittaud pour citer ce qui le gêne et ne sert pas son propos, il se contente de reprendre à son compte le seul passage où il est dit que "le CO2 peut être bénéfique pour les plantes" !
Un co-auteur de l'étude, le français Philippe Ciais, ajoute également :
- Les effets bénéfiques du dioxyde de carbone sur les plantes peuvent également être limités [...] "Des études ont montré que les plantes s'acclimatent ou s'adaptent à des niveaux croissants de concentration de dioxyde de carbone et de fertilisation au fil du temps."
Là aussi, silence radio de la part de Benoit Rittaud.
Mais le plus beau est ce qui concerne le Sahel qui reverdirait grace au CO2, ici on tutoie l'escroquerie intellectuelle ou la simple incompétence de Benoit Rittaud quand il nous dit que « le Sahel a plutôt tendance à reverdir contrairement à ce qu'il semble » et que « on sait très bien que le CO2, l'augmentation de la teneur en CO2 de l'atmosphère en est responsable pour une grande partie » ; en effet, c'est sur le site même des climato(ir)réalistes que nous trouvons l'article suivant, daté du 20 mai 2017, Le Sahel reverdit, dans lequel on peut lire :
- Selon une étude publiée en juin 2015 dans la revue Nature Climate Change [1] le Sahel reverdit grâce à une pluviosité en augmentation depuis les années 80.
Oui vous avez bien lu, « le Sahel reverdit grâce à une pluviosité en augmentation depuis les années 80 » !
Et l'article des climato(ir)réalistes dont fait partie, je le rappelle, Benoit Rittaud himself, s'enfonce encore davantage en expliquant :
- Certains auteurs soutiennent que bien que les précipitations aient évidemment augmenté au cours des trois dernières décennies, ce verdissement n’aurait pas pu être obtenu sans un changement dans l’utilisation des terres et des pratiques agricoles.
Et pas une seule mention au CO2 qui aurait provoqué "pour une grande partie", d'après Benoit Rittaud s'exprimant seulement 6 mois après cet article qu'il est censé avoir lu, le verdissement du Sahel ; la seule connexion entre le CO2 et le verdissement du Sahel se trouve dans ce passage auto-ironique (i.e. l'auteur fait de l'ironie sur lui-même sans s'en rendre compte) :
- Il est piquant de constater que l’étude de Nature Climate Change ne concède ce verdissement qu’en l’attribuant au réchauffement climatique anthropique ! Selon ses auteurs en effet, la reprise des précipitations au Sahel est due à hausse continue des émissions des gaz à effet de serre.
Eh oui, qui dit augmentation du CO2 dit augmentation des températures, dit augmentation de l'humidité dans l'air, dit augmentation des précipitations, et dit finalement verdissement du Sahel.
Mais on savait déjà au moins depuis 2010 que le Sahel reverdissait, et on indiquait alors qu'il s'agissait de l'amélioration des pratiques agricoles, comme l'expliquait Julien Alexandre sur le blog de Paul Jorion, dans un article intitulé Quand le sahel reverdit, ou ce que l’on peut apprendre des savoir-faire africains :
- Mark Herstgaard raconte ainsi l’histoire d’un des précurseurs de l’agroforesterie au Burkina Faso, M. Yacouba Sawadogo, qui relate son expérience vécue lors de la grande sécheresse de la fin des années70-début des années 80 dans son pays, qui subit durant cette période une baisse de 20% en moyenne des précipitations annuelles, entrainant des centaines de milliers de morts de famine et la transformation de la savane en Sahel. Une telle catastrophe entraina alors une profonde modification des modes de pensée, notamment en remettant au goût du jour des techniques ancestrales pour valoriser l’utilisation de l’eau pluviale : le ‘zaï’ consiste ainsi à creuser des trous peu profonds aux racines des cultures, afin de préserver un peu d’humidité.
Ainsi on voit que le rôle du CO2 comme "nourriture pour les plantes" est largement relativisé, mais c'est pourtant lui que Benoit Rittaud a choisi de mettre en avant en cachant tout le reste.
Note finale : 3/20
Et quand Dominique Seux, qui se proclame pourtant libéral, fait part de ses doutes à l'encontre de ce qu'a dit Benoit Rittaud, on peut se poser des questions sur le devenir du climato-sceptico-irréalisme ; si ce courant de pensée commence à être lâché par ses anciens ardents défenseurs, cela augure mal de la suite (mais qui s'en plaindra ?)
Par la suite Benoit Rittaud divague sur les cyclones, je n'en parlerai pas davantage ici de peur de l'enfoncer encore plus en lui donnant une note plus basse, mais on se reportera si on le souhaite à mon billet intitulé Que dit Kerry Emanuel sur Harvey, Irma, Maria, et les autres...? afin de constater que notre mathématicien médiatique raconte vraiment n'importe quoi.
Le caillou Alain Madelin
Il s'est donc livré, au grand bonheur de Benoit Rittaud, à une piteuse tirade lors d'une récente émission sur la chaine pro-business, en enfilant les poncifs les plus éculés comme on fait défiler les perles d'un chapelet en marmonnant quelques prières.
- à 24:20 : [...] pour ma part j'appartiens aux climatoréalistes, je n'ai jamais cédé aux/à l'apocalypse now (sic, prononcer nao) des ultras du réchauffisme climatique (je ne reprends pas les nombreux euh afin de ne pas surcharger le texte...), les faits en réalité (sic) est-ce qu'il y a réchauffement oui (son collègue à sa gauche se demande ce qu'il fait là à côté de cet abruti) mais un degré sur le siècle passé je crois, est-ce que nous avons des projections apocalyptiques, ben y en avait qui étaient faites, la courbe de Mann, la fameuse courbe de hockey et cætera, le GIEC a été obligé de reconnaître que c'était un peu pipeau, ensuite est-ce que ça se poursuit ah ben non, quand vous regardez les 17 ou 18 dernières années il n'y a pas de réchauffement climatique alors que vous avez un CO2 extraordinaire supplémentaire que l'on a mis dans l'atmosphère et quand vous regardez les modèles du GIEC personne n'avait prévu ce plat (sic) du réchauffement climatique et tout le monde avait au contraire fait des prévisions totalement apocalyptiques de 0,6 ou 0,7 degrés pour la même période, donc le niveau des mers on pourrait dire la même chose, les glaces au pôle nord on pourrait dire la même chose, les ours polaires c'est bidon, à tel point d'ailleurs (les autres se marrent) qu'on a été obligé de transformer le mot réchauffement climatique en changement climatique ce qui permet, ce qu'aucun scientifique n'accepterait, de mettre les éléments météorologiques un petit peu sur le compte du réchauffement climatique...
Et là il est interrompu (enfin) par Nicolas Doze qui trouve que la plaisanterie a assez duré.
Alain Madelin, le spécialiste mondial du réchauffement médiatique, se fait rabattre le caquet par Nicolas Doze. |
Que dire de ce Gish Gallop qui doit rendre Benoit Rittaud jaloux ?
Je ne ferai aucun commentaire et ne donnerai pas de note, car celle-ci serait probablement négative tellement les âneries succèdent aux âneries dans ce fourre-tout issu du manuel du parfait petit climatosceptique.
Je ne relèverai qu'une seule chose afin simplement de montrer à quel point Madelin ne connaît pas son sujet et se contente de réciter comme un perroquet une leçon qu'il a dû apprendre sur des sites comme Contrepoints ou Skyfall (c'est dire le sérieux des propos) ; c'est quand il dit « la courbe de Mann, la fameuse courbe de hockey et cætera, le GIEC a été obligé de reconnaître que c'était un peu pipeau », voici ce qu'on peut voir dans le dernier rapport du GIEC, page 409 du groupe de travail I :
Figure 5.7 | Reconstructed (a) Northern Hemisphere and (b) Southern Hemisphere, and (c) global annual temperatures during the last 2000 years. Individual reconstructions (see Appendix 5.A.1 for further information about each one) are shown as indicated in the legends, grouped by colour according to their spatial representation (red: land-only all latitudes; orange: land-only extratropical latitudes; light blue: land and sea extra-tropical latitudes; dark blue: land and sea all latitudes) and instrumental temperatures shown in black (Hadley Centre/ Climatic Research Unit (CRU) gridded surface temperature-4 data set (HadCRUT4) land and sea, and CRU Gridded Dataset of Global Historical Near-Surface Air TEMperature Anomalies Over Land version 4 (CRUTEM4) land-only; Morice et al., 2012). All series represent anomalies (°C) from the 1881–1980 mean (horizontal dashed line) and have been smoothed with a filter that reduces variations on time scales less than about 50 years. Source ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar5/wg1/WG1AR5_Chapter05_FINAL.pdf |
Courbe en forme de crosse de hockey, source Wikipédia. |
Mais on peut aussi montrer la courbe de Lamb qui avait précédé la courbe de Mann dans le rapport du GIEC de 1990, page 202 :
Courbe de Lamb. |
Comme on peut le voir au fur et à mesure que le temps passe les données s'affinent, on est passé d'une courbe grossière en 1990 (pourtant encore citée en exemple par certains climatosceptiques pour montrer l'importance de l'optimum médiéval...) à un ensemble de courbes plus élaborées en 2013 qui confirment davantage la courbe de Mann de 1999 que celle de Lamb qui ne concernait en fait qu'une partie de l'Angleterre.
Si la courbe originale de Mann en forme de crosse de hockey n'est plus reprise par le GIEC c'est donc qu'elle a été actualisée et améliorée, au vu des connaissances accumulées, par des équipes indépendantes arrivant plus ou moins aux mêmes conclusions que Mann.
La courbe de Mann n'était donc pas du pipeau, contrairement aux divagations d'Alain Madelin.
Extraire juste la premiere phrase de mon commentaire ( il est vrai que dire qu'une intervention est de "bonne tenue" c' est faire une louange dithyrambique ...) en "oubliant" le reste critique -> procédé malhonnete dont vous etes coutumier ...
RépondreSupprimerEnsuite , c 'est mes yeux ou bien la courbe du GIEC de 2014 est relevé de plus de 0.5 degC pendant l'optimal medieval par rapport 'a la courbe de votre gourou Mann ? ( forfaiture destinée á gommer l' optimal medieval ...) Est ce encore mes yeux ou bien l' optimal medieval de la courbe du GIEC est au meme niveau que celle des années 2000 ?(alors qu'elle est au moins 0.7 degC en dessous sur la fameuse bible de Mann ...)
Il n' y a que vous pour croire que la courbe du GIEC de 2014 confirme MAnn et l' affinne ....
Venant de quelqu'un anti-vaccin , anti-OGM ..anti-science ...plus rien ne m'etonne.
C'est bien ce que je disais, vous êtes un spécialiste pour chercher le petit détail insignifiant en passant à côté de l'essentiel.
SupprimerD'abord, dire à quelqu'un que son intervention est de bonne tenue n'est pas ce que l'on peut appeler une critique négative, et dans la suite de vos commentaires vous n'avez à aucun moment relevé les âneries de Rittaud, vous vous êtes contenté de platitudes afin de passer pour un commentateur critique mais en fait vous ne critiquez rien du tout, vous approuvez tout ce qu'écrit Rittaud.
Ensuite vous n'avez toujours pas compris que les rapports du GIEC sont actualisés et que dans celui de 2014 figurent quatre courbes de Mann, lequel n'est en rien mon gourou, là vous nous attribuez à lui et à moi un lien qui vous unit en fait à Rittaud, car vous buvez ses paroles alors que je considère Mann comme un scientifique, ni plus ni moins.
Il est assez caractéristique d'ailleurs que vous parliez de forfaiture, peut-être ne connaissez-vous pas la signification exacte de ce mot, il a de nombreux synonymes dont exaction, faute, malhonnêteté ou encore tripotage, des qualificatifs que personnellement j'attribuerai plutôt à votre idole qui se permet de prendre son public pour un tas d'imbéciles en racontant ses sornettes.
Enfin il faudra revoir votre vision et votre compréhension des courbes du GIEC, celles-ci percent le plafond du graphique dès 2014 ou 2015 alors que l'optimum médiéval reste bien sagement au-dessous ; cela confirme en fait votre statut de climatosceptique patenté qui croit que l'optimum médiéval était une période plus chaude qu'aujourd'hui, merci d'avoir précisé pour lever toute ambiguïté.
Et pour finir, me traiter d'anti-vaccin sans me connaître c'est assez ballot, quant aux OGM j'ai travaillé dans un groupe qui fait de la recherche sur les OGM, qui les commercialise et qui les vend, et pourtant oui je serais plutôt anti-OGM, mais contrairement à ce que vous pensez pas pour des motifs anti-science (mais je ne pense pas que vous comprendriez)
Moi je crois que je suis plutôt un vrai fan de Science ....
RépondreSupprimerEt pourtant, pour cette raison d'ailleurs, anti-OGM et anti vaccin !!! ;)
Le vaccinalisme de certains n'étant rien moins qu'une sorte de religion, un charlatanisme bien éloigné du véritable esprit scientifique (et médical !)
Comme le disait le Docteur Méric :
« La vaccination est à la médecine, ce que l’astrologie est à l’astrophysique...
Il est temps de redevenir scientifique !... »