jeudi 3 décembre 2020

Nous sommes bien seuls...

 Il y a parfois des coïncidences bizarres...

Ainsi le youtubeur David Louapre nous régale d'une vidéo attachée à un billet de blog intitulé Le paradoxe de Fermi — Sommes-nous seuls dans l’Univers?, publié le 27 novembre dernier, alors que dans le même temps sort un numéro spécial de Science & Vie dont le titre est La nouvelle histoire de l'Univers.

Il se trouve que dans ce numéro spécial deux encarts ont attiré mon attention étant donné que j'avais au préalable visionné la vidéo de David Louapre : 

  • page 84 : Y a-t-il une vie ailleurs dans l'Univers ?
  • page 114 : Combien de temps faudrait-il pour aller sur une exoplanète ?
Or ces deux questions sont au cœur du fameux paradoxe de Fermi ! En effet Wikipédia nous dit en introduction :
Le paradoxe de Fermi est une série de questions que s'est posées le physicien italien Enrico Fermi en 1950, alors qu'il débattait avec des amis de la possibilité d'une vie et d'une visite extraterrestre.

Nous avons par conséquent les deux ingrédients réunis : d'un côté la possibilité d'une vie (qu'on qualifiera d'« intelligente », c'est-à-dire capable de donner naissance à des civilisations comme on en connait ici bas) et d'un autre côté la possibilité qu'une vie intelligente extra-terrestre soit en mesure de nous visiter un jour ; au passage ce dernier point peut aussi se décliner ainsi : la possibilité que nous terriens soyons un jour en mesure d'aller visiter d'autres mondes en dehors de notre minuscule système solaire.

Il faut noter tout de suite que quand nous nous posons ce genre de questions immanquablement un grand nombre de personnes, pour ne pas dire l'immense majorité des gens, se laissent embarquer dans des délires émanant d'œuvres de science-fiction, que ce soit des livres ou des films, dans lesquels les protagonistes utilisent des technologies défiant la physique telle que nous la connaissons actuellement ; ainsi de la téléportation ou de la vitesse supraluminique entre autres conjectures permettant à un auteur prolifique et imaginatif d'embarquer son lecteur ou son spectateur dans des mondes virtuels n'ayant rien à voir avec le nôtre.

Et avancer, comme le font certains, que le progrès technologique aidant rien n'empêcherait d'imaginer que de telles prouesses soient possibles dans un futur plus ou moins lointain reste de l'ordre de la supputation purement gratuite ; ce n'est pas parce qu'au 19ème siècle on n'avait pas pensé à tout ce qui nous est arrivé depuis, ou parce que personne n'aurait anticipé l'ampleur d'internet et des réseaux sociaux il y a seulement quelques décennies, que les lois de la physique peuvent être matées pour nous servir ; jusqu'à présent, et jusqu'à preuve du contraire, tout ce qui a été inventé demeure confiné dans un périmètre défini que les physiciens comprennent aujourd'hui plutôt bien ; si nous n'avons créé l'internet que récemment c'est uniquement parce que l'opportunité de le faire ne s'était pas présentée auparavant, essentiellement du fait que les techniques et technologies afférentes n'étaient pas encore disponibles, et pas parce que la physique aurait évolué vers une « autre dimension » jusque là inconnue.

Par contre pour se téléporter ou voyager plus vite que la lumière, par exemple, cela demande si je ne me trompe pas de sortir du cadre confortable de la physique telle que nous la connaissons ; peut-être que nos descendants découvriront une « autre » physique permettant de tels exploits, mais compter là-dessus relève plus du wishful thinking (i.e. prendre ses désirs pour des réalités) que de la prospective sérieuse.

Cela fait un certain temps que je suis personnellement persuadé que nous ne saurons jamais si d'autres civilisations extra-terrestres existent, si elles existent. Comme je suis persuadé que nous ne sortirons jamais de notre système solaire, non seulement pour des raisons techniques mais également pour des raisons bassement financières !

Et pour ne rien arranger nous savons aujourd'hui, sauf ceux qui doutent de tout et même de ce qui est évident, que nos ressources s'amenuisent inexorablement et qu'un jour viendra où nous en manquerons ; et il ne faudra pas compter sur l'exploitation de planètes ou d'astéroïdes pour suppléer la pénurie terrestre, l'énergie qu'il faut déployer pour ramener d'infimes quantités de notre satellite situé à quelques 400 000 kilomètres est telle que cela nous permet de relativiser l'intérêt de l'opération ; tout au plus pourrons-nous exploiter sur place, sur la Lune, sur Mars ou sur un astéroïde, les matériaux qui s'y trouvent, mais pour en faire quoi ?

On pense à établir une base lunaire qui servirait de tremplin pour une exploration vers Mars, la belle affaire !

Les astronautes allant vers Mars le feront quoi qu'il en soit dans un minuscule vaisseau (le poids est l'ennemi numéro un de tout déplacement...), il leur faudra quoi qu'il en soit plusieurs mois pour y aller et plusieurs mois pour en revenir, avec tellement d'incertitudes concernant leur survie à chaque moment de leur périple que ce genre de mission s'apparentera plus à un voyage aller sans garantie aucune de retour, les probabilités de survie n'étant pas particulièrement favorables.

Evidemment avec le temps la technologie se fera plus pointue, la connaissance des risques et de leurs parades plus élevée, oui mais après ?

Quand on aura colonisé Mars, ce qui est très loin d'être une réalité, que compte-t-on faire de plus ?

Science & Vie nous dit qu' « [a]vec les fusées actuelles à propulsion chimique, il faudrait pas moins de...300 000 ans pour atteindre la bien nommée Proxima b, l'exoplanète la plus proche de la Terre », alors qu'elle n'est située qu'à 4,2 années-lumière de notre pavillon de banlieue...

Pour information notre galaxie, la Voie lactée, a un diamètre compris entre 100 000 et 120 000 années-lumière, soit au minimum 24 000 fois la distance qui nous sépare de l'étoile la plus proche ; et la galaxie spirale la plus proche, Andromède, se trouve à 2,55 millions d'années-lumière de nous, une paille ; quant à la galaxie la plus proche de nous, la galaxie naine du Grand Chien, il faut à la lumière seulement 25 000 années pour y aller ou pour en venir, autrement dit il s'agit de la maison d'à côté par rapport à la taille de la Terre (je dis ça au pif mais ça ne doit pas être très faux)

Tout cela pour dire que rêver à une arrivée d'extra-terrestres chez nous, ou à nous allant rendre visite à des mondes lointains peuplés d'entités intelligentes avec qui nous pourrions converser et jouer à la belote, hum...

Notre ami David Louapre, à la fin de sa vidéo, tient à présenter « sa solution » qu'il trouve « la plus convaincante » :

David Louapre a-t-il les pieds sur Terre ?

Voici ce qu'il nous dit :

Les extraterrestres sont là, partout, on n'a aucun moyen de s'en rendre compte, et eux n'ont même pas vu qu'on était là.

Il essaie ensuite d'apporter une explication alambiquée que je vous laisse écouter.

Pour ma part je reste sur mon sentiment que non seulement personne n'est et ne sera jamais capable de franchir les distances inimaginables qui nous séparent des autres systèmes planétaires épars dans l'Univers, mais également, et peut-être surtout, que rien ne prouve que d'autres mondes « intelligents » existent en dépit du nombre astronomique (c'est le mot !) d'étoiles et de planètes qui peuplent ce même Univers.

L'équation de Drake est censée nous donner une approximation du nombre de civilisations peuplant notre galaxie, elle se présente comme ceci :

N = R* x fp x ne x fl x fi x fc x L

Allez voir la signification de chaque terme dans Wikipédia, cependant vous serez guère plus avancé.

On nous dit en effet que « Les scientifiques, de nos jours, ont des désaccords considérables sur les valeurs que peuvent prendre ces paramètres. » En 1961 la valeur de N était de 10, « 10 civilisations en mesure de communiquer dans la Voie Lactée. »

Déjà, comme nous avons vu la taille de la Voie lactée (plus de 100 000 années-lumière), on peut dire qu'il y a peu de chances que ces « 10 civilisations en mesure de communiquer » avec nous puissent le faire quels que soient leurs moyens. Mais il y a plus, l'équation de Drake n'est qu'une équation reposant sur des hypothèses hautement arbitraires !

En fait il suffit de jeter un coup d'œil sur notre propre histoire, que nous commençons à connaitre relativement bien même si énormément de détails nous échappent, et dont certains nous échapperont à jamais.

Ici David Louapre nous donne un excellent aperçu en début de vidéo (à la 6ème minute), peut-être le meilleur passage d'ailleurs de son intervention :

David Louapre se pose les bonnes questions.

 Il nous dit en substance que les « bonnes planètes », c'est-à-dire celles susceptibles d'accueillir la vie telle que nous la connaissons sur Terre, ne courent finalement pas les rues, façon de parler évidemment.

Je ne donnerai pas ici tous les obstacles que nous autres pauvres Homos sapiens avons dû surmonter pour exister et être capables par exemple d'écrire ces lignes dans un blog confidentiel ou des œuvres un peu plus marquantes comme la Légende des siècles de Victor Hugo.

Je ne vous fournirai, en plus de tout ce que David Louapre vous aura apporté comme éléments, qu'un seul exemple, mais un exemple marquant.

Imaginez un seul instant que l'astéroïde qui s'est abattu sur Terre il y a 66 millions d'années en entrainant au passage la disparition des dinosaures, eh bien que cet astéroïde nous ait raté ! Que se serait-il passé par la suite ? Plus que probablement les dinosaures auraient continué à prospérer pendant « un certain temps » (comme le fut du canon) et que pensez-vous qu'il serait arrivé aux petits mammifères qui se terraient de peur de se faire bouffer tout cru par un raptor qui passait par là ?

Vous pouvez également imaginer que l'astéroïde, au lieu de nous percuter dans la presqu'ile du Yucatan avec un angle de 60°, l'ait fait de manière perpendiculaire ou avec le même angle ou tout autre angle mais ailleurs sur la planète, et dans ces scénarios-là les conséquences auraient été complètement différentes ; le site Tohoku University, dans Site of asteroid impact changed the history of life nous dit en substance :

If the asteroid had hit a low-medium hydrocarbon area on Earth (occupying approximately 87 percent of the Earth's surface), mass extinction could not have occurred and the Mesozoic biota could have persisted beyond the Cretaceous/Paleogene boundary.
Si l'astéroïde avait frappé une zone de faible à moyenne teneur en hydrocarbures sur Terre (occupant environ 87 % de la surface terrestre), l'extinction de masse n'aurait pas pu se produire et le biote mésozoïque aurait pu persister au-delà de la limite Crétacé/Paléogène.

Vous me direz qu'avec des si on peut mettre pas mal de dinosaures en bouteille, pourtant il s'agit là d'une simple question de pur hasard pouvant s'être posée à de multiples moments de l'évolution de la Terre depuis sa création il y a un peu moins de cinq milliards d'années. Sans compter que le hasard aurait là aussi pu faire en sorte que la Terre ne se soit jamais formée, ni même notre étoile le Soleil...

En résumé notre apparition en tant qu'espèce « intelligente » s'avère être le fruit d'un incommensurable hasard et la véritable question devrait être celle-ci : pourquoi sommes-nous là plutôt que nulle part ?

Certains répondront à cette question par la simpliste explication du dieu créateur, quel que soit son nom, étant donné que quand on ne sait pas apporter de preuve à un questionnement le moins fatigant pour l'esprit est d'inventer une solution facile qui satisfera la grande majorité des gens.

Il vous est évidemment loisible de « croire » que le génie humain arrivera à trouver des « solutions » ou que des ET improbables auront trouvé celles-ci eux-mêmes et viendront nous faire un coucou galactique, mais cela reste du domaine de la croyance.

En attendant les chances pour les uns et les autres de se rencontrer sont tellement infimes que l'on peut parler de pouillème qui s'ajoute à du pouillème qui s'ajoute à du pouillème qui...

Je sais. Réaliser que nous sommes assez probablement seuls dans tout l'Univers et que même si nous avons de lointains voisins il n'y a quasiment aucune chance que nous le sachions un jour, ça fait un peu peur. Il faut se faire une raison. Je ne vois pas d'autre conclusion. Il faut agir en adulte et non en gamin qui croit encore au Père Noël.

Le seul extra-terrestre connu à ce jour va bientôt revenir nous rendre visite.


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