dimanche 26 janvier 2025

Premières déconvenues pour Trump

 Donald Trump a prévu (ou seulement menacé, on ne sait pas trop) d'imposer à certains pays des droits de douane élevés afin, soi-disant, de les faire payer aux exportateurs desdits pays. Selon lui cela n'aurait aucun impact sur les consommateurs (y compris les enterprises importatrices) américains et cela impliquerait même une baisse des prix ainsi qu'une relocalisation des industries qui ont été auparavant délocalisées. La quasi-totalité des économistes un tant soit peu sérieux ne sont pas d'accord avec Trump et prédisent une hausse des prix étant donné que les droits de douane sont bien évidemment payés par les importateurs, lesquels soit baissent leurs marges pour maintenir leurs prix de vente, soit augmentent ces prix de vente afin de ne pas perdre d'argent, soit font un peu des deux, mais au final c'est bien aux USA que la hausse de prix se produit et en aucun cas chez l'exportateur. Celui-ci a cependant la possibilité de baisser son prix de vente afin d'amortir le prix payé par le client final, reste à savoir s'il a l'intention, ou même la possibilité de le faire ; si ses marges sont déjà très réduites il aura une marge de manoeuvre très étroite et devra se poser la question de savoir si éventuellement il ne doit pas destiner une partie de sa production à d'autres marchés plus "conciliants"...

En ce qui concerne les relocalisations qui seraient induites par ces hausses de droits de douane, on doit d'abord se demander pourquoi en premier lieu elles se sont produites. En général c'est tout simplement parce que la main d'oeuvre (entre autres, mais surtout la main d'oeuvre) est bien moins chère dans le pays où l'on décide de relocaliser, ce qui compense amplement les coûts entrainés par la délocalisation, comme le transport, une qualité moindre, la formation du personnel, etc. En décidant de relocaliser l'entreprise va donc économiser sur ces coûts mais elle va devoir payer des salariés locaux bien plus chers, à condition de les trouver, ce qui ne va pas forcément couler de source ! De plus elle va devoir probablement investir afin de "refaire" son appareil industriel et recréer des liens avec des partenaires ou sous-traitants qui n'existeront peut-être plus...

Bref la promesse de Trump de "rendre sa grandeur à l'Amérique" en lui faisant produire localement à des prix compétitifs n'impactant pas le pouvoir d'achat de l'Américain moyen risque fort de rencontrer un certain nombre d'obstacles.

Et nous avons déjà quelques signes qui montrent que l'affaire est loin d'être dans le sac du gros bonhomme orange, par exemple en lisant Canada, Mexico steelmakers refuse new US orders dans le Financial Post.


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Les sidérurgistes canadiens et mexicains refusent de nouvelles commandes américaines

Stelco a informé les consommateurs américains qu'elle suspendait les devis de vente.

Joe Deaux

Publié le 24 janvier 2025

Rouleaux d'acier revêtu enroulés chez Stelco Holdings Inc. à Hamilton, en Ontario. Photo par Peter Power/La Presse Canadienne

Certains sidérurgistes du Canada et du Mexique annoncent à leurs clients qu'ils refusent de passer de nouvelles commandes aux États-Unis, craignant que le président Donald Trump ne réimpose bientôt des droits de douane.

La société canadienne Stelco Holdings Inc. a informé les consommateurs américains qu'elle suspendait les devis de vente, selon une personne au fait du dossier. Les fournisseurs d'acier basés au Mexique ont également cessé de prendre des commandes de matériaux cette semaine, dans l'attente d'une éventuelle action de M. Trump, selon Flack Global Metals, un gros acheteur.

Cette semaine, Donald Trump a fait part de son intention d'imposer au Mexique et au Canada, d'ici le 1er février, des droits de douane pouvant aller jusqu'à 25 %, comme il avait menacé de le faire auparavant. Bien que les deux pays soient exemptés des droits de douane sur l'acier de 25 % imposés par les États-Unis au cours de la première administration Trump, l'industrie craint de plus en plus que le métal ne bénéficie pas d'une telle exemption.

« Les sidérurgistes mexicains sont très inquiets et changent de politique commerciale en ce qui concerne leur approche de ce marché », a déclaré Jeremy Flack, directeur général du distributeur d'acier Flack Global Metals, basé en Arizona. « Ils sont déstabilisés à cause de cela. Ils sont passés de l'inquiétude à l'indifférence, puis à nouveau à l'inquiétude ».

Le Canada est la première source d'importation d'acier aux États-Unis et le Mexique la troisième, selon les données du ministère américain du commerce. Les États-Unis ont consommé environ 91 millions de tonnes d'acier en 2023, les importations représentant environ 27 % de cette demande totale, selon une étude de Morgan Stanley.

La société mère de Stelco, Cleveland-Cliffs Inc. basée aux États-Unis, n'a pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires.

Cleveland-Cliffs, deuxième producteur d'acier américain, a accepté l'an dernier de racheter la société canadienne Stelco. Interrogé la semaine dernière lors d'une réunion d'information sur la possibilité que M. Trump impose des droits de douane sur l'acier canadien nouvellement détenu par l'entreprise, le PDG Lourenco Goncalves a déclaré qu'il se conformerait à la politique de M. Trump.

« Le président Trump fera ce qu'il veut faire. Il a un plan, et je me conformerai à celui-ci », a déclaré M. Goncalves. « Je suis un grand garçon. J'ai acheté Stelco en sachant que Stelco est au Canada. Et vous savez quoi ? L'Amérique d'abord. »

Bloomberg.com

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Après la première déconvenue concernant le droit du sol (voir États-Unis : un juge suspend la remise en cause du droit du sol, Trump annonce faire appel ou États-Unis : un juge suspend la remise en cause du droit du sol ordonnée par Donald Trump) les droits de douane vont eux-aussi être des causes de maux de têtes pour les MAGAs qui ont bu les paroles de leur prophète mais ont de grandes chances de s'en mordre les doigts, tout comme beaucoup de brexiters regrettent amèrement de s'être fait berner par des clowns comme Farage ou Jonhson.

Le problème avec les MAGAs est qu'ils ont été tellement 'brainwhashés" qu'il est peu probable qu'ils admettent un jour s'être fait rouler dans la farine.

Bref avec le Canada ça va se jouer comme ça :

Tu l'as vu mon gros marteau ? Oui je l'ai vu, tape si ça te fait du bien, moi je m'en fiche.


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